Il y a à Madagascar une profession originale qui court les rues : pousse-pousse. C'est un métier qui consiste à transporter des gens ou des objets (parfois les deux) dans un "pousse-pousse" justement. Dans la plus pure rigueur sémantique, on devrait plutot parler de tire-tire, car le pousseur tire plus qu'il ne pousse, mais c'est moins agréable à l'oreille.
C'est très sympa de se ballader en pousse-pousse dans la ville, ce moyen de transport est très prisé par la population, terriblement romantique, et donne l'agréable sensation d'être une personne importante. Tous les pousseurs ne se valent cependant pas, certains trainassent interminablement et sont poussifs dans les côtes, quand d'autre cavalent fougueusement et suent comme des athlètes.
Mais en réalité, pousse-pousse c'est plus compliqué que ca. Pousse-pousse, c'est plus qu'une profession. C'est un style de vie. On est pousse-pousse. On nait pousse-pousse. Et même très souvent on meurt pousse-pousse, après avoir beaucoup tirer. pour dire être pousse-pousse, c'est presque héréditaire, car une éthnie en particulier s'est spécialisée dans ce travail.
Parmis ses spécificités, le pousse-pousse n'a par exemple pas de maison. Sa vie s'organise autour de son pousse-pousse (celui avec les roues), dans lequel il transporte ses biens, constitués d'une bouteille d'eau pour la toilette et d'une moustiquaire pour dormir la nuit ( impossible de dormir sans à Mahajanga, même quand on est un vieux pousse-pousse endurcit).
Le soir, sur le bord des rues du centre ville, on voit donc des pousse-pousses garés le long des murs ou contre les portails. Les propriétaires tendent une moustiquaire et dorment sur place, ce qui permet parfois de cumuler un emploi de nuit : gardien.
Leur statut est même auréolé d'un certain mystère. Après enquête autour de moi, je n'ai pas encore pu élucider où ils stockaient leurs affaires, et où vivait leur famille, si tant est qu'il en aient une. Les gens ne savent simplement pas.
La formidable faculté des pousse-pousses à vivre de peu, et la marge de bénéfice incroyable de leur profession (aucun frais pour exercer, si ce n'est en paires de chaussures, pour ceux qui en ont, et en pneus) ont contribué a créer un véritable mythe autour d'eux.
On raconte qu'ils amassent dans leurs villages de brousses des quantités faramineuses d'argent, qu'ils enterrent. On dit aussi que leurs cérémonies funéraires sont l'occasion de sacrifier des boeufs par troupeaux entiers.
Bref, je n'ai pas encore pu percer tous leurs mystères, mais c'est sur que les pousse-pousses sont des gens à part. Et je crois que je n'ai pas encore fini d'en découvrir sur eux.
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