Il y a à Madagascar une profession originale qui court les rues : pousse-pousse. C'est un métier qui consiste à transporter des gens ou des objets (parfois les deux) dans un "pousse-pousse" justement. Dans la plus pure rigueur sémantique, on devrait plutot parler de tire-tire, car le pousseur tire plus qu'il ne pousse, mais c'est moins agréable à l'oreille.
C'est très sympa de se ballader en pousse-pousse dans la ville, ce moyen de transport est très prisé par la population, terriblement romantique, et donne l'agréable sensation d'être une personne importante. Tous les pousseurs ne se valent cependant pas, certains trainassent interminablement et sont poussifs dans les côtes, quand d'autre cavalent fougueusement et suent comme des athlètes.
Mais en réalité, pousse-pousse c'est plus compliqué que ca. Pousse-pousse, c'est plus qu'une profession. C'est un style de vie. On est pousse-pousse. On nait pousse-pousse. Et même très souvent on meurt pousse-pousse, après avoir beaucoup tirer. pour dire être pousse-pousse, c'est presque héréditaire, car une éthnie en particulier s'est spécialisée dans ce travail.
Parmis ses spécificités, le pousse-pousse n'a par exemple pas de maison. Sa vie s'organise autour de son pousse-pousse (celui avec les roues), dans lequel il transporte ses biens, constitués d'une bouteille d'eau pour la toilette et d'une moustiquaire pour dormir la nuit ( impossible de dormir sans à Mahajanga, même quand on est un vieux pousse-pousse endurcit).
Le soir, sur le bord des rues du centre ville, on voit donc des pousse-pousses garés le long des murs ou contre les portails. Les propriétaires tendent une moustiquaire et dorment sur place, ce qui permet parfois de cumuler un emploi de nuit : gardien.
Leur statut est même auréolé d'un certain mystère. Après enquête autour de moi, je n'ai pas encore pu élucider où ils stockaient leurs affaires, et où vivait leur famille, si tant est qu'il en aient une. Les gens ne savent simplement pas.
La formidable faculté des pousse-pousses à vivre de peu, et la marge de bénéfice incroyable de leur profession (aucun frais pour exercer, si ce n'est en paires de chaussures, pour ceux qui en ont, et en pneus) ont contribué a créer un véritable mythe autour d'eux.
On raconte qu'ils amassent dans leurs villages de brousses des quantités faramineuses d'argent, qu'ils enterrent. On dit aussi que leurs cérémonies funéraires sont l'occasion de sacrifier des boeufs par troupeaux entiers.
Bref, je n'ai pas encore pu percer tous leurs mystères, mais c'est sur que les pousse-pousses sont des gens à part. Et je crois que je n'ai pas encore fini d'en découvrir sur eux.
jeudi 23 juin 2011
vendredi 17 juin 2011
En voiture !
Je me suis initié depuis mon arrivé la conduite (ou plutôt au slalom) dans les rues Malgaches. La conduite est quelque chose d'assez sportif ici, qui nécessite de la concentration et des biceps. Après avoir vécu le Sénégal et le Nicaragua, je pense qu'on peut tirer quelques généralités de la conduite dans les pays du sud :
Régle 1 : doucement doucement
Régle 2 : roule tant que ce n'est pas encore cassé
Régle 3 : accélère, on verra comment on freine
Régle 4 : priorité au plus gros, puis priorité au plus téméraire, puis priorité à droite, ou à gauche
Régle 5 : on voit toujours mieux en plein phare
Régle 6 : le clignotant est un accessoire tunning de série
J'ai aussi appris une règle basique qui consiste à ne jamais regarder les rétroviseurs sous peine de provoquer un accident devant. Les rues sont très encombrées, on dénombre, en allant de droite à gauche : piétons, charrettes de zébus, pousse-pousses, vélos, scooters, motos, voitures.
En plus, l'exercice est un peu corsé par la voiture de fonction, qui n'est pas vraiment une petite citadine maniable.
Un bon vieux 4x4 Land Rover de 30 ans, 2 tonnes à vide, sans direction assistée. Avec ca, on peut charger 1 tonne de matos sur le toit, partir à 9 gaillards et avaler presque n'importe quelle piste de brousse mais ce n'est pas vraiment l'idéal pour aller acheter un paquet de vis.
Il y aussi des petites subtilités mécaniques à cette vieille Dame à l'embrayage sensible. Pour démarrer déjà, pas besoin de clé, il suffit de suivre une bête procédure :
- enclencher le bouton du contact
- préchauffer 20 sec en connectant les 2 fils qui pendent sous le volant (jusqu'à ce que ca soit chaud)
- embrayer une vitesse pour accrocher le démarreur et pousser légerment le bouton du démarreur
- débrayer
- pousser le bouton du démarreur et accélérer
N.B : pousser la voiture si ca ne marche pas
Une fois en route, il faut anticiper les choses à cause du jeu dans la direction. Les roues tournent en général plus tard que le volant.
Toujours tenir la 4ème vitesse fermement sur le levier, sinon ca saute.
Parfois la 3ème vitesse ne passe pas. Insiter.
C'est quand même une brave voiture dans le fond, qui nous emmène partout. En ce moment on redresse l'aile et le parechocs (à coup de masse à l'atelier) à cause de l'arbre qu'une équipe s'est prit dans la brousse il y a 10 jours.
On a aussi un pare-brise en bois, et un toit fait de tubes et de planches, vestiges des tonneaux que la voiture à fait un jour.
Pour le moment, j'ai simplement conduit dans les rues de Mahajanga, mais promis, je vous racontrais tout quand je prendrais le volant sur les pistes de brousse.
Régle 1 : doucement doucement
Régle 2 : roule tant que ce n'est pas encore cassé
Régle 3 : accélère, on verra comment on freine
Régle 4 : priorité au plus gros, puis priorité au plus téméraire, puis priorité à droite, ou à gauche
Régle 5 : on voit toujours mieux en plein phare
Régle 6 : le clignotant est un accessoire tunning de série
J'ai aussi appris une règle basique qui consiste à ne jamais regarder les rétroviseurs sous peine de provoquer un accident devant. Les rues sont très encombrées, on dénombre, en allant de droite à gauche : piétons, charrettes de zébus, pousse-pousses, vélos, scooters, motos, voitures.
En plus, l'exercice est un peu corsé par la voiture de fonction, qui n'est pas vraiment une petite citadine maniable.
Un bon vieux 4x4 Land Rover de 30 ans, 2 tonnes à vide, sans direction assistée. Avec ca, on peut charger 1 tonne de matos sur le toit, partir à 9 gaillards et avaler presque n'importe quelle piste de brousse mais ce n'est pas vraiment l'idéal pour aller acheter un paquet de vis.
Il y aussi des petites subtilités mécaniques à cette vieille Dame à l'embrayage sensible. Pour démarrer déjà, pas besoin de clé, il suffit de suivre une bête procédure :
- enclencher le bouton du contact
- préchauffer 20 sec en connectant les 2 fils qui pendent sous le volant (jusqu'à ce que ca soit chaud)
- embrayer une vitesse pour accrocher le démarreur et pousser légerment le bouton du démarreur
- débrayer
- pousser le bouton du démarreur et accélérer
N.B : pousser la voiture si ca ne marche pas
Une fois en route, il faut anticiper les choses à cause du jeu dans la direction. Les roues tournent en général plus tard que le volant.
Toujours tenir la 4ème vitesse fermement sur le levier, sinon ca saute.
Parfois la 3ème vitesse ne passe pas. Insiter.
C'est quand même une brave voiture dans le fond, qui nous emmène partout. En ce moment on redresse l'aile et le parechocs (à coup de masse à l'atelier) à cause de l'arbre qu'une équipe s'est prit dans la brousse il y a 10 jours.
On a aussi un pare-brise en bois, et un toit fait de tubes et de planches, vestiges des tonneaux que la voiture à fait un jour.
Pour le moment, j'ai simplement conduit dans les rues de Mahajanga, mais promis, je vous racontrais tout quand je prendrais le volant sur les pistes de brousse.
mardi 7 juin 2011
1er retour
Me voilà revenu de ma mission Commando à l'autre bout du pays. Sain, sauf et courbaturé des genoux !
Il y a beaucoup à dire, mais retenez surtout que c'est loin ! et bougrement long ! 4 jours de voyage dont 2 et demi assis précairement sur une banquette "malgache size", le temps parait long, surtout à la fin !
A propos, petite parenthèse sur la corpulence des malgaches. Elle est réduite ce qui induit des désagréments quasi quotidien : lit trop petit (donc dodo plié obligatoire), portes basses (donc chocs chroniques, suivi de force jurons, suivi de bosses multiples), banquettes riquiqui, plan de travail nain et j'en passe. C'est décidement pas un pays pour les Scandinaves.
Bref, ca a été rude, surtout la dernière ligne droite, c'est à dire les 12h de trajet avant la maison, à cause de l'effet combiné des bornes sur le bord de la route et de l'horloge du mini bus. Un vrai cauchemard au ralenti, je crois que j'ai pu saisir dans ces moments interminables l'effrayante horreur du ralentissement du temps à presque rien, jusqu'à son arrêt complet. J'ai frolé l'éternité et ca fait très peur, en plus d'être ennuyeux !
Concernant la partie statique du voyage, le travail sur place s'est bien passé, tout s'est bien déroulé dans les temps et suivant les plans, tant mieux. On a réparé l'éolienne et installé des panneaux solaires supplémentaires chez un client plutôt aisé :
Mais la somptuosité de la demeure n'exclue pas l'avarice du propriétaire (c'est même fortement lié), alors on a dormi dans le garage, on s'est douché au robinet du jardin et on a mangé du riz matin, midi, et soir !
Il y a beaucoup à dire, mais retenez surtout que c'est loin ! et bougrement long ! 4 jours de voyage dont 2 et demi assis précairement sur une banquette "malgache size", le temps parait long, surtout à la fin !
A propos, petite parenthèse sur la corpulence des malgaches. Elle est réduite ce qui induit des désagréments quasi quotidien : lit trop petit (donc dodo plié obligatoire), portes basses (donc chocs chroniques, suivi de force jurons, suivi de bosses multiples), banquettes riquiqui, plan de travail nain et j'en passe. C'est décidement pas un pays pour les Scandinaves.
Bref, ca a été rude, surtout la dernière ligne droite, c'est à dire les 12h de trajet avant la maison, à cause de l'effet combiné des bornes sur le bord de la route et de l'horloge du mini bus. Un vrai cauchemard au ralenti, je crois que j'ai pu saisir dans ces moments interminables l'effrayante horreur du ralentissement du temps à presque rien, jusqu'à son arrêt complet. J'ai frolé l'éternité et ca fait très peur, en plus d'être ennuyeux !
Concernant la partie statique du voyage, le travail sur place s'est bien passé, tout s'est bien déroulé dans les temps et suivant les plans, tant mieux. On a réparé l'éolienne et installé des panneaux solaires supplémentaires chez un client plutôt aisé :
Mais la somptuosité de la demeure n'exclue pas l'avarice du propriétaire (c'est même fortement lié), alors on a dormi dans le garage, on s'est douché au robinet du jardin et on a mangé du riz matin, midi, et soir !
mercredi 1 juin 2011
1er départ
Je pars ce soir pour mon premier chantier avec le boulot. Au programme, on traverse le pays, on installe 6 panneaux solaires, on fait une réparation sur éolienne, et puis (bien sûr) on revient. Entier et sain si possible.
Il y a à peu près 400 km à vol d'oiseau, facile. Le premier point, c'est que la traversée du pays d'une cote à l'autre par la route fait 1000 km.
Le deuxième point concerne la vitesse à laquelle on va déplacer dans l'espace. C'est plutot lent. On va en avoir pour 24h de route. Juste pour y aller.
J'appréhende déjà : 24h assis sur un fauteuil de taxi brousse, par 30°C de moyenne avec les genoux dans le fauteuil de devant. 24h rythmés par les pauses pipi et caca sur le bord de la route. 24h de mauvaise musique, en boucle et en plein volume !
Bon, d'après mes collègues une fois arrivé la vue du site va compenser une partie de désagrément du voyage, mettons 8h, ca fait quand meme 16h de route à se taper ! Misère de misère !
Il y a à peu près 400 km à vol d'oiseau, facile. Le premier point, c'est que la traversée du pays d'une cote à l'autre par la route fait 1000 km.
Le deuxième point concerne la vitesse à laquelle on va déplacer dans l'espace. C'est plutot lent. On va en avoir pour 24h de route. Juste pour y aller.
J'appréhende déjà : 24h assis sur un fauteuil de taxi brousse, par 30°C de moyenne avec les genoux dans le fauteuil de devant. 24h rythmés par les pauses pipi et caca sur le bord de la route. 24h de mauvaise musique, en boucle et en plein volume !
Bon, d'après mes collègues une fois arrivé la vue du site va compenser une partie de désagrément du voyage, mettons 8h, ca fait quand meme 16h de route à se taper ! Misère de misère !
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