mercredi 14 septembre 2011

Du vent dans les voiles

De retour de 10 jours de voyage sur la côte Nord de Majunga, voilà un petit résumé de mes aventures.

Etant une entreprise d'énergies renouvelables, nous nous devons de limiter notre "empreinte carbone", comme ils disent maintenant les nouveaux écolos.

Nous partimes donc en catamaran, en équipe de 5 pour installer un système solaire chez une riche propriétaire de la côte Malgache.

Le voyage en soit fut tout à fait épique. Pour ma première virée en mer, ce fut un vrai baptême du feu ! La journée de trajet initialement prévue s'est muée en galère de 72h avec vent contraire, forte houle et voiles en lambaux. En voici le récit.

La première journée de navigation fut plutôt bonne et nous avançâmes dignement. Nous avions reussi à couvrir les 3/4 de la distance et Monsieur Gépésse nous prédisait une arrivée au beau milieu de la nuit. Cependant, une déchirure géante dans la grand voile durant d'après midi augurait le pire.



à la course avec les pirogues

En effet, le vent forcit à la tombée de la nuit, nous poussant au large et créant beaucoup de houle. Une petite lune blafarde ouvrait à peine son oeil, témoin timide des émois grandissant de mon for intérieur. A peine fut-elle couchée derrière l'horizon, quelques quarts d'heures plus tard, que je me trouvais dans la même position, déversant généreusement mes repas précédents en offrande aux poissons. Arrosé de paquet d'eau de mer, tordu par mes boyaux, je m'en fut piteusement en cabine oublier mon malheur. Et rejoindre 2 autres collègues d'infortunes aussi malades que moi.


Au petit matin, émergeant timidement la tête à la lumière, un lent et méticuleux balayage de l'horizon me permis deux conclusions. De un, nous n'étions pas encore arrivé. De deux, nous n'étions pas près d'arriver. La terre se trouvait en effet fort éloignée. Avec notre équipe d'estropiés, nous tentâmes courageusement de remettre les voiles en état pour repartir. Mais, au beau milieu d'une manoeuvre sur le foc, nous perdîmes le bout qui tient la voile en haut du mât. Nous connûmes le creux de la vague en ses instants terribles. Il fallut déterminer parmis les marins malades, vautrés sur le pont et occupés à vider le contenu de leur ventre vide dans l'onde marine, un courageux volontaire pour être hissé en haut du mat et remettre les choses en ordre. Malgré la forte gîte, amplifiée par la hauteur du mat, le courageux ne faillit point à sa tâche et nous pûmes repartir avant midi en direction de la côte.

Le vent contraire rendait notre projet d'avancer bien ambitieux. Difficile de remonter aux vents avec nos mauvaises voiles, et la nuit approchante assombrissait encore un peu plus le moral bien chétif de l'équipage.

réparation de la grand voile
La seconde nuit fut du même acabit et nous reculâmes à nouveau. Quel abattement, au petit matin, dans le battement funèbre d'un bout de voile déchirée, de distinguer un simple halo pâle à l'horizon : la côte presque disparue. Que Dieu est pitié de nous, perdus au milieu de l'immense océan!

Nous remîmes tout de même le bateau en état de marche à l'aide d'aiguille à coudre et de noeuds de fortune. Nous avançâmes doucement vers la côte mais le vent tomba à midi. Et là, sous un soleil de plomb, dans la torpeur zénitale et le clapotis des coques dans l'eau tiède et molle, le miracle se produisit. Le tout puissant se matérialisat à nous sous forme liquide. Une bobonne d'essence, pleine à craquer. Nous allumâme le petit moteur, droit vers la cote. Le vent artificiel qui nous balayait le visage nous redonna le sourire.

M. Tabarly à la barre...

Le pétrole a des atouts décidement très intéréssants face à la poésie incontrôlable du vent. La gloire de notre arrivée à bon port fut donc un peu obscurcit d'un nuage de gaz d'échapement. Mais passons l'éponge sur les rejets de bile collés au pont et sur cet aveu de demi-échec. Nous avons prouvé vaillament que nos slips de marins n'étaient pas trops larges pour nous et avons su tout de même rester digne jusqu'au bout !

D'ailleurs, la fin du voyage fut récompensée par une haie d'honneur de dauphins et baleines. La preuve cétacée que notre honneur était sauf !

si, si! c'est une baleine !


Mais nous n'étions pas encore au bout de nos peines, le déchargement des batteries nous attendait ainsi qu'une pleine semaine de travail, puis le voyage retour. Mais le récit de tout celà sera pour le prochain épisode....

80 kg par batterie c'est du sport

le site à l'arrivée méritait quand même quelques efforts


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