samedi 5 mai 2012

Coiffeur Jean Claude

Mon coiffeur s'appelle Jean Claude. Je l'ai déniché dans une petite rue du quartier après quelques tests peu convaincants chez quelques uns de ses concurrents.



Jean Claude est handicapé et se déplace dans son salon avec des béquilles. C'est pas évident car le salon est tout petit. C'est plus facile pour lui que je tourne le tabouret pour lui présenter la partie de mon crâne à travailler. Puisqu'on ne parle pas la même langue; on ne discute pas trop ensemble. Je lui dis juste "Mafana bé" (il faut très chaud) car c'est à peu près tout ce que je sais dire, et aussi car son salon est un vrai four.


Ledit salon ne manque pas de décoration avec les posters géants de cent coiffures pour blacks et les fleurs artificielles. Il y a même de la musique sur le poste radio, mais le son change quand Jean-Claude allume sa tondeuse, à cause de la multiprise chinoise qui tient en équilibre précaire. Je ne sais pas par quel phénomène métaphysique le moteur de la tondeuse change le rythme de la musique, toujours est il que cela donne un effet sympa et intimiste.

Jean-Claude ne m'a pas dit où il a appris la coiffure, mais entre ses mains on se sent un peu comme une œuvre d'art en devenir. L'artiste, sans discipline apparente, taille par ci, éclaircit par là. Un coup de tondeuse dans un sens, un aller retour dans le sens opposé... l’œuvre prends forme. Parfois, la tondeuse émet des bruits plaintifs mais ça fini quand même par couper. La finition se fait avec une lame de rasoir entre ses doigts et quelques gouttes de sueurs froides dans mon dos. Finalement, le résultat est très joli, avec parfois une conception de la symétrie tout à fait personnelle à l'artiste.

Je pars en payant le salaire de son travail, la bagatelle de 0,60 euros, et avec force sourires, gestes de remerciement et pouces dressés.